Et si les patrons se mettaient à pouponner ?

04/04/2014

Source Dijon Hebdo, dans Made in Dijon -  2 Avril, 2014 - Numéro 17

C’est l’idée que lance Thérèse Salado-Majnoni d’Intignano, dirigeante de structures dédiées à la garde d’enfants, à Dijon : impliquer les patrons dans cette problématique qui conduit chaque année 36% des Françaises à mettre un terme à leur carrière professionnelle à la naissance de leur premier enfant. Cette ancienne directrice juridique et des ressources humaines souligne les conséquences bénéfiques de l’achat de places en crèche par les entreprises, tant pour les salariés que pour leurs employeurs.

« La Côte-d’Or ne figure pas parmi les départements les plus mal lotis en termes de mode garde, explique Thérèse Salado-Majnoni d’Intignano. Avec 67 places pour 100 enfants, nous sommes loin devant la Seine-Saint-Denis par exemple, qui n’en compte que 29. Mais c’est insuffisant. » Autre constat : la nette préférence des Français pour l’accueil en milieu collectif. En ville, c’est généralement lorsqu’ils ne trouvent pas de place en crèche qu’ils se tournent vers les assistantes maternelles. « Ce n’est pas une question de tarif. Les crèches semblent rassurer. D’une part, parce qu’elles sont encadrées par des professionnels de la petite enfance qui travaillent en équipe, d’autre part, parce qu’elles sociabilisent l’enfant avant la Maternelle. »
Toutefois, pour les communes, les crèches municipales représentent un coût lourd à porter. De nombreuses structures privées se sont donc développées en parallèle ces dernières années pour pallier un véritable manque. Si les entreprises du bassin parisien, à l’instar de celles des pays nordiques, se sont lancées depuis longtemps dans l’achat de berceaux (ndlr : places en crèche), la province reste à la traîne.

Pourtant, tout le monde y trouverait son compte comme le justifie la dirigeante : « D’après les études réalisées en France, on sait que pour 100 euros consacrés à un berceau, le gain pour les entreprises est de 180 euros. Tout simplement parce que l’absentéisme s’en trouve fortement diminué, sachant que le coût d’une journée d’absence est multiplié par trois, quand il faut remplacer le salarié ou perdre en productivité. De plus, une entreprise qui propose des places en crèche fidélise ses collaborateurs et peut faire pencher la balance du bon côté pour attirer des profils aux compétences spécifiques. C’est également un bon moyen d’éliminer une véritable source de stress qui se répercute inévitablement sur le travail ».
Economiquement parlant, l’investissement peut effrayer les PME-PMI, surtout avec la conjoncture actuelle. Localement, le prix d’un berceau se situe entre 12 et 14 000 euros par an. Toutefois, avec l’abattement de charges et le crédit d’impôt famille, ils n’auront que 17% de cette somme environ à débourser, et sans engagement définitif. « Les PME-PMI peuvent se réunir pour définir leurs besoins et acheter quelques berceaux ensemble. Les grands groupes ont des services RH aptes à budgéter ces opérations rentabilisées sur maximum deux ans. » Thérèse Salado Majnoni d’Intignano précise qu’elle reste à la disposition, tout comme ses homologues dijonnais, des entreprises qui auraient besoin de conseils pour envisager la démarche. Les parents salariés règlent bien sûr leur part de frais de garde comme dans n’importe quelle structure mais sont assurés d’avoir une place.
D’autre part, selon l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique), principal rassembleur de statistiques des pays développés siégeant à Paris, augmenter le taux de travail des femmes permettrait d’incrémenter de 0,5 point la croissance en France. « Ce n’est pas anodin quand on sait que 50% des femmes estiment qu’une maternité est un frein à leur carrière et que beaucoup subissent, plus qu’elles ne choisissent, le temps partiel. Acheter des berceaux pour ouvrir de nouvelles crèches a, certes, un coût de départ, mais au final, c’est de l’emploi, de la croissance et du bien-être ! ».

Thérèse Salado Majnoni d’Intignano est convaincue de la nécessité de décloisonner les mondes du travail et de l’enfance pour leur permettre d’avancer ensemble afin de relancer la compétitivité française. « Plus on aura de modes de garde flexibles à disposition, plus les hommes et les femmes s’investiront dans leur entreprise. »
Florence CAROLE
Qui est Thérèse Majnoni d’Intignano ?
Titulaire d’une Maîtrise de Droit privé et d’un Master II en Science du management et administration des entreprises, elle œuvre depuis 10 ans à l’amélioration des conditions de vie des femmes qui doivent concilier vie professionnelle et familiale. C’est dans le cadre du plan national Espoir banlieue qu’elle répond en 2011 à l’appel à projet dijonnais en créant des micro-crèches adaptées aux publics en difficulté (recherche d’emploi, formation…). Elle est à la tête de deux entités :
Les Paradis de Jules et Juliette, deux micro-crèches dijonnaises ouvertes de 6 heures à 20 heures, dont 16 places sont réservées à ces publics en insertion professionnelle. Une troisième verra le jour avant l’été. D’autres devraient également ouvrir dans les années à venir.
Jules et Juliette : l’Enfance à domicile, société qui propose des services de garde à domicile pour les 0 à 13 ans, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, sur Dijon et agglomération ainsi qu’en région parisienne.

Plus de renseignements sur : www.jules-et-juliette.fr
La micro-crèche :
Cadre : en pavillon ou appartement (rez-de-chaussée ou premier étage)
Capacité : 10 enfants âgés de 10 semaines à 6 ans
Encadrement : 3 professionnelles (CAP petite enfance et assistantes maternelles expérimentées)
Taux horaire : entre 0, 30 et 2,89 euros pour les crèches bénéficiant de la Prestation de service unique, PSU (la Caf règle directement la différence à l’établissement), et entre 6,90 et 9,90 euros pour celles qui dépendent de la Prestation d’accueil jeunes enfants, Paje (la Caf rembourse la différence aux parents)
Il en existe pour l’instant une dizaine sur l’agglomération dijonnaise.

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